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Rome et Berlin s’engagent dans un plan d’action pour renforcer leur coopération : un bilan du premier sommet bilatéral depuis 2016

Rome et Berlin ont conclu un "programme d'action" dans le but d'améliorer leurs liens. Suite à une période de conflits entre les deux nations, Giorgia Meloni s'est déplacée vers l'Allemagne pour participer au premier sommet bilatéral depuis 2016. Cela a offert l'opportunité d'établir un cadre officiel pour la coopération entre ces deux forces de production européennes, tout en essayant de parvenir à un consensus sur la modification du Pacte de stabilité en cours de discussion à Bruxelles.

Par Olivier Tosseri

"Le troisième élément du triangle formé par les trois plus grandes puissances de l'Union européenne était absent", affirment les partisans italiens du "plan d'action" entre l'Allemagne et l'Italie. Ce plan a été ratifié ce mercredi à Berlin par la Présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, et le Chancelier allemand, Olaf Scholz. Cet accord est moins formel que les traités de l'Élysée et du Quirinal, qui encadrent les relations bilatérales entre la France et l'Allemagne, et entre la France et l'Italie.

Il aspire également à être tout aussi audacieux, en rapprochant les deux plus grandes forces de production d'Europe. Cinq secteurs clés de coopération sont impliqués : l'économie, la politique internationale et de défense, l'Europe, les enjeux environnementaux et la culture. Des équipes seront formées pour résoudre les conflits et établir une vision commune sur les affaires mondiales.

Après plus de deux ans de pourparlers

Depuis 2021, l'ancien Premier ministre Mario Draghi a ardemment souhaité ce plan d'action, qui offre une structure institutionnelle à la relation bilatérale. Il n'y a plus besoin de prouver la coopération économique et industrielle. Simultanément à la signature du plan d'action, un forum s'est tenu entre les dirigeants des organisations patronales des deux pays, avec la présence de nombreux dirigeants d'entreprise.

L'Allemagne est le principal allié commercial de l'Italie. Le commerce bilatéral à travers les Alpes a culminé à 142 milliards d'euros l'année précédente, un niveau jamais atteint auparavant. Les ventes italiennes à l'Allemagne ont aussi atteint un niveau record, s'élevant à 77,5 milliards d'euros, représentant 12% des exportations totales de l'Italie. Ce pays joue un rôle crucial pour le label « Made in Germany », qui dépend fortement des petites et moyennes entreprises situées dans le nord de l'Italie pour la sous-traitance.

Réduire l'écart sur la révision du pacte de stabilité

Cependant, bien qu'il soit clair que le renforcement des relations est nécessaire dans le domaine de la politique industrielle, trouver un terrain d'entente sur les questions budgétaires européennes est nettement plus difficile. Giorgia Meloni et son ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, se trouvaient aussi à Berlin afin de préparer la prochaine réunion Ecofin du 8 décembre à Bruxelles.

La renégociation du futur Pacte de stabilité budgétaire dépendra fortement de cela. À Rome, on redoute un triomphe des conservateurs à Berlin, qui voudraient un contrôle plus rigoureux des parcours fiscaux et une diminution plus accélérée des déficits.

Giancarlo Giorgetti pense que les anciennes normes sont trop rigides et nécessitent des modifications. Il envisage de ne pas inclure dans le calcul les coûts d'investissement associés aux transitions numériques et écologiques, ainsi que ceux du plan de relance de l'Europe. Bien qu'il puisse s'appuyer sur l'appui de son équivalent français Bruno Le Maire, l'approbation de son pair allemand Christian Lindner n'est pas garantie.

Le problème de l'immigration

En matière de diplomatie, que ce soit pour soutenir l'Ukraine dans son conflit avec la Russie ou Israël dans ses affrontements avec le Hamas, Rome et Berlin se tiennent fermement unis. Cependant, leur solidarité a été moins évidente concernant la question de l'immigration. Le nombre d'immigrants arrivant sur les côtes italiennes a augmenté de 103 % depuis le début de l'année, tandis que le nombre de nouvelles demandes d'asile en Allemagne a grimpé de 67,5 %.

L'immigration est une question centrale pour l'alliance dirigée par Olaf Scholz. En 2023, le nombre de demandes d'asile devrait dépasser largement les 300 000, tandis qu'environ 1,1 million d'Ukrainiens se sont déjà installés dans le pays.

Sites d'hébergement en Albanie

Le gouvernement d'Allemagne a donc consenti à étudier l'opportunité de gérer les demandes d'asile dans un autre pays. C'est pour cette raison que l'accord visant à ce que l'Italie construise des sites d'hébergement pour les migrants en Albanie suscite l'intérêt d'Olaf Scholz.

Politiquement, le chancelier est également confronté à la progression de l'extrême droite et du parti AfD, qui est maintenant la deuxième force politique du pays. Fin octobre, son gouvernement a proposé une loi visant à simplifier l'expulsion des réfugiés sans permis de séjour. Giorgia Meloni ne manque pas de souligner les points communs entre son gouvernement, qui est conservateur et nationaliste, et le gouvernement allemand dirigé par un chancelier social-démocrate.

Olivier Tosseri (Reporter basé à Rome)

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