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Le Défi des Dévendeurs : La Campagne de l’Ademe et la Crise de l’Habillement Français

Et voici les "défenseurs de la déconsommation" !

L'Ademe encourage la déconsommation, mais cela peut être néfaste lorsqu'il s'agit d'un secteur français de l'habillement déjà en grande difficulté. Cependant, son plaidoyer en faveur de la réparation des objets réparables est louable.

Par Dominique Seux

La France a introduit à l'échelle mondiale des idées que peu de nations ont curieusement été rapides à adopter : la retraite dès 60 ans (alors que l'espérance de vie augmentait), le travail limité à 35 heures par semaine (imposé à tous) ou encore des arguments en faveur d'un revenu de base universel (un thème central de l'élection présidentielle de 2017). Il se pourrait qu'on doive bientôt ajouter à cette liste l'émergence d'un nouveau poste. Celui de dévendeur. Quelle idée, il suffisait simplement d'y réfléchir !

Quatre petites publicités télévisées, réalisées pour l'Ademe, l'organisme chargé de la gestion de l'énergie, font l'objet d'un débat depuis quelques instants. Elles montrent un vendeur (avec un badge indiquant clairement sa profession) qui dissuade les clients d'acheter un produit dans son magasin ou en ligne. Ceci est fait pour promouvoir la lutte contre le gaspillage et la protection du climat. Les produits concernés sont une machine à laver, un téléphone, une ponceuse et des vêtements.

Trois des publicités encouragent les clients à utiliser les services de location ou de réparation de la marque, et elles ne posent aucun problème. Cependant, le quatrième est mal accueilli par les commerçants de vêtements et en particulier par l'Alliance du Commerce. Ils sont mécontents que le gouvernement promeuve la réduction de la consommation alors que l'industrie (Camaïeu, Kookaï, Du pareil au même etc.) et le commerce de l'habillement sont en difficulté.

Ils ne sont pas dans l'erreur. Encourager l'achat de vêtements de bonne qualité ou fabriqués en France aurait été une option viable, mais un argument aussi basique est rempli d'incohérences malgré sa bienveillance apparente. Comment peut-on à la fois sympathiser avec les Français qui ressentent les effets de l'inflation, puis leur conseiller de ne pas chercher les meilleures affaires lorsqu'ils en ont l'opportunité ? Comment peut-on un jour soutenir les petits commerces face aux grandes plateformes, puis les dévaloriser le jour suivant ?

En termes plus directs, il est peu probable que les commerçants qui votent souvent pour le parti RN apprécient ce spot. Celui-ci a d'ailleurs provoqué une véritable dispute au sein du gouvernement. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, l'assume avec fierté, tandis que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le considère comme « maladroit ». Elisabeth Borne a demandé au premier de changer la campagne, mais il a refusé …

Il est certain que tout ceci est un peu exagéré. Indéniablement, ceux qui le peuvent financièrement peuvent choisir de consommer de manière plus responsable et qualitative. Les impacts négatifs de la mode rapide sur l'environnement (eau, transport, qualité médiocre) sont bien documentés. De plus, cette campagne publicitaire (Havas) doit être interprétée avec une certaine légèreté. Néanmoins, l'Etat aurait plus de chances de réussir s'il créait le poste de réducteur de taxes plutôt que de décourageur de vente !

Dominique Seux

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