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Hélène Delprat: l’ascension internationale d’une artiste française grâce à la galerie Hauser & Wirth

Lorsque l'artiste française Hélène Delprat acquiert une renommée mondiale

L'attrait croissant de Paris a une influence directe sur le milieu artistique français. La grande entreprise artistique Hauser & Wirth fait la promotion de manière significative de l'artiste parisienne, Hélène Delprat, qui sera exposée jusqu'en mars dans ses grands locaux situés rue François-Ier.

Par Judith Benhamou

La citation bien connue du poète Pierre Reverdy est "Il n'y a pas d'amour, seulement des preuves d'amour". Cette phrase peut très bien s'appliquer dans un contexte qui semble beaucoup moins sentimental : le monde des galeries d'art et les relations qu'elles entretiennent avec leurs artistes. La plus grande démonstration d'amour que le galeriste parisien Christophe Gaillard ait jamais faite a été de contacter une galerie internationale, beaucoup plus influente que la sienne, pour représenter son artiste favorite, Hélène Delprat (née en 1957).

À propos d'elle, il déclare simplement : "Pour moi, elle est l'artiste française la plus talentueuse. Nous avons une bonne communication et une confiance mutuelle. J'avais noté que Hauser & Wirth ne se contentaient pas de faire du commerce, mais qu'ils avaient une véritable dévotion envers leurs artistes. J'ai d'abord réussi à persuader Marc Payot, puis Iwan et Manuela Wirth [les trois partenaires de la galerie, NDLR]. Nous sommes restés en pourparlers pendant trois ans."

C'est grâce à l'action de Christophe Gaillard qu'une exposition se déroule à la galerie Hauser & Wirth de Paris, située rue François-Ier, jusqu'au 9 mars. Cette galerie de luxe, gérée par des marchands d'art suisses, a ouvert ses portes en octobre dernier lors de l'événement Paris +. L'inclusion d'une artiste française dans cette organisation internationale pourrait être une conséquence de l'attrait croissant de Paris. Christophe Gaillard nous rappelle que "Hélène était ravie de rejoindre Hauser & Wirth, aux côtés d'artistes aussi talentueux que Nicole Eisenman, par exemple".

Situation délicate

Cependant, l'atmosphère du marché de l'art à Paris n'est plus aussi optimiste qu'auparavant. Par exemple, une galerie réputée comme GB Agency, qui se consacrait à l'art plutôt conceptuel depuis vingt-trois ans dans le Marais, vient de fermer sans en donner de raison. Plus largement, comme le prouvent les résultats des ventes aux enchères et des expositions récentes, le climat économique et politique n'est plus aussi propice à l'acquisition d'art contemporain, sauf pour les célébrités de l'art dont les œuvres se vendent en millions de dollars et les nouveaux artistes tendance dont les œuvres sont encore vendues à des prix assez bas.

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Malgré toutes les difficultés, Hauser & Wirth poursuit son expansion mondiale. Cette entité que l'on pourrait définir comme une "maison d'art" vient d'inaugurer son troisième lieu à New York, situé sur Wooster Street. Là, elle met en lumière une nouvelle recrue : l'artiste américaine Cindy Sherman (née en 1954). Les récents autoportraits photographiques grotesques créés par l'intelligence artificielle et cette figure emblématique de l'art américain sont proposés à la vente pour environ 150 000 dollars. Sherman utilise la photographie comme un instrument, bien qu'elle ne soit pas strictement parlant une photographe. Cependant, elle est l'une des étoiles montantes de cette discipline et, en 2014, une série de ses photos en noir et blanc de 1977 a été vendue pour le montant record de 4,7 millions d'euros.

En janvier 2024, la galerie Hauser & Wirth à Hong Kong a déménagé dans un nouvel espace. Actuellement, elle présente les œuvres de l'artiste chinois populaire, Zhang Enli (né en 1965). En 2022, l'une de ses peintures figuratives a été vendue à Pékin pour un montant équivalent à 2,3 millions d'euros.

Les tarifs des peintures d'Hélène Delprat ne sont pas encore au même niveau. Son record de vente aux enchères, établi en 2020, est de 21.000 euros. Cependant, ses peintures sont rarement mises en vente aux enchères. D'après Artprice, aucune de ses œuvres n'a été mise en vente en 2023. Les prix dans la nouvelle galerie Hauser & Wirth à Paris varient entre 20.000 et 325.000 euros.

Sa peinture pourrait être décrite comme un mélange vivant et dynamique sur toile. Elle combine divers éléments tels que des motifs, parfois des mots, des personnages qui semblent provenir de cartoons et même des références directes à l'histoire de l'art, dispersés à travers toute la toile. Il peut y avoir une connexion avec les événements contemporains. L'artiste admet : "Je suis souvent secoué en écoutant les nouvelles du matin". Dans sa peinture de 2023 intitulée "Il n'y a plus rien à faire", on voit des personnages noirs fantomatiques et des bottes militaires cloutées, qui sont clairement des allusions aux conflits actuels.

"Plus rien à faire" de Hélène Delprat (2023). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de Hauser & Wirth. Photographie par Nicolas Brasseur.

Elle déclare : "Mes œuvres d'art ne sont pas planifiées à l'avance. J'expérimente avec des couleurs que je ne préfère pas, comme le jaune par exemple. Les formes se révèlent progressivement. Ensuite, je les recouvre encore et encore… Je me laisse guider par mon instinct. J'associe différents mondes.". Hélène Delprat crée également des vidéos, des sculptures et maintenant, même des tapis. Elle est animée par une soif insatiable de savoir, qui s'étend de Marcel Proust à Verdun et ses conséquences : ses champs de croix blanches.

La carrière de l'artiste est caractérisée par deux phases distinctes. Pendant une décennie, ses œuvres étaient présentées à la galerie Maeght. Suite à cela, elle a décidé de mettre un terme à sa carrière de peintre pour se focaliser davantage sur les arts de la scène, comme la création de décors. En 2011, elle a fait la connaissance de Christophe Gaillard. D'après ce dernier, l'artiste a toujours connu un grand succès en termes de ventes. "J'ai préparé trois expositions pour elle. Par exemple, en 2014, nous avons réussi à vendre 18 de ses 20 œuvres exposées en seulement trois semaines. Les grands tableaux étaient estimés entre 40 000 et 60 000 euros. Lors de notre exposition la plus récente, ces grandes toiles se vendaient à 120 000 euros."

Changement de profession

Il est toutefois remarqué que l'affiliation à une galerie d'art internationale a fait grimper ses prix. Dans ce contexte, Hauser & Wirth a également misé sur la promotion à l'échelle internationale en produisant un documentaire et en renforçant sa présence sur les médias sociaux. La galerie française et la suisse collaborent harmonieusement.

"À partir de maintenant, bien que je sois toujours la galerie d'Hélène, j'accorde à Hauser & Wirth toute ma confiance pour s'occuper de ce qu'ils font mieux que moi : la vente et la publicité", déclare le commerçant parisien. Ce qui est implicite ici, c'est qu'il ne détermine pas ses tarifs. Cependant, Delprat, l'artiste indépendant par définition, ne se soumettra pas aux impératifs commerciaux.

Voir aussi :

Marché de l'art 2023 : des ventes aux enchères remportées de justesse

ANALYSE – Pourquoi les artistes français demeurent sous-évalués sur le marché de l'art

"Quand elle est en phase de peinture, précise Christophe Gaillard, elle produit à peu près une œuvre par mois. Son travail suit des rythmes définis. Elle se dédie à la peinture pendant trois à quatre mois, ensuite, elle enroule ses toiles pour les ressortir trois à quatre mois plus tard. Elle dispose d'un atelier dans les monts du Forez et d'un autre dans le Var. Sa méthode de travail implique une immersion totale dans la solitude."

Hélène Delprat est en train de débuter une nouvelle phase de sa carrière. Des collectionneurs influents comme Antoine de Galbert – qui avait fait connaître son travail à la Maison rouge aujourd'hui disparue – et François Pinault sont déjà des adeptes de son art. En septembre 2024, son œuvre sera présentée à la Biennale de Lyon. L'année suivante, en 2025, une exposition monographique lui sera consacrée à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, située dans le département des Alpes-Maritimes. Par ailleurs, Christophe Gaillard aspire à organiser une exposition de son travail dans sa galerie bruxelloise d'ici un à deux ans.

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Judith Benhamou

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