Alexis Hanquinquant : Le champion paralympique qui défie les stéréotypes sur le handicap en entreprise

Handicap : l'inspirante déclaration optimiste du médaillé olympique Alexis Hanquinquant

"Handicapé"… Pour Alexis Hanquinquant, le mot semble déplacé de nos jours. En tant que champion paralympique de triathlon et employé dans le secteur de la construction, il partage ses expériences vécues en entreprise entre deux sessions d'entraînement.

Par Henry du Lestapis

L'extraordinaire liste de réussites d'Alexis Hanquinquant force l'admiration. Ses trophées de victoire s’amoncellent devant lui, semblables aux médailles d'or qui ornent l'uniforme d'un général d'empire. Il est difficile de suivre le rythme auquel il remporte les titres de champion de France, d'Europe et du monde de triathlon. Son exploit le plus récent concerne les Jeux Paralympiques de 2020. Cependant, sa réussite la plus marquante est probablement d'avoir transformé un tragique accident du travail en une opportunité pour atteindre les sommets du podium.

En 2010, Alexis Hanquinquant, qui travaillait à l'époque comme artisan pour une petite entreprise de construction, a subi un grave accident lorsque sa jambe a été écrasée par une machine de construction. C'était un événement dévastateur pour cet homme passionné de sport, fervent supporter de basket-ball et champion national de full contact. Après avoir récupéré d'une jambe sévèrement handicapée, il a décidé de procéder à l'amputation, voyant cela comme la seule voie pour retourner à la compétition sportive de haut niveau. Son esprit de compétition et le soutien de sa famille l'ont rapidement remis sur la voie de l'entraînement. "Dans de telles circonstances, on a soit tendance à se renfermer sur soi-même et à blâmer le monde entier, soit à se relever encore plus fort", dit-il, admettant qu'il a traversé des périodes très difficiles. "Mais pour moi, cela a été un catalyseur, un accélérateur de vie. Je ne voulais pas être un fardeau pour la société."

Évaluer les compétences réelles

Une fois rétabli, Alexis Hanquinquant s'est lancé à la recherche d'un emploi en postulant chez Pôle emploi, mais sans résultat positif. Son opportunité est venue lorsqu'il a participé à une journée sportive amicale, où il a fait face à une équipe de collègues du secteur de la construction en bonne santé. Malgré sa prothèse qui remplace désormais sa jambe droite, il a remporté la compétition. Par chance, un responsable des ressources humaines du groupe Bouygues a assisté à l'événement.

On devrait juger un employé sur ce qu'il peut réellement accomplir. Alexis Hanquinquant

On devrait juger un employé sur ce qu'il peut réellement accomplir.

Elle était convaincue du potentiel de cet homme équipé d'une jambe prothétique, et l'a donc intégré à l'équipe où il a initialement trouvé un poste de monteur d'échafaudage. "Selon moi, la perception du handicap est biaisée", explique-t-il, "je n'ai pas le vertige, donc je suis capable de monter à une grande hauteur sur une nacelle, une tâche que certaines personnes dites aptes ne peuvent pas réaliser. On devrait évaluer un travailleur sur la base de ses compétences réelles, mais malheureusement, ce n'est pas toujours le cas dans les entreprises."

Alexis Hanquinquant est un fervent défenseur de l'entreprise en tant que lieu de réintégration. Employé chez Bouygues Grand-Ouest et soutenu par plusieurs entreprises partenaires pour ses compétitions paralympiques comme Toyota, La Matmut et Colas, il n'hésite pas à exprimer cette conviction. Selon lui, les travailleurs en situation de handicap, souvent reconnaissants envers les entreprises qui les embauchent après une longue absence, voient leur lieu de travail comme un espace de réhabilitation. Il soutient que leur taux d'absentéisme est généralement plus bas.

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Son expérience, acquise rapidement à travers des défis difficiles, lui donne également la capacité de discuter de sujets comme la résilience après un échec, les stratégies pour capitaliser sur un succès, comment former une équipe efficace, ou les étapes nécessaires pour démarrer un projet. Évidemment, la société Bouygues l'a désigné comme son meilleur représentant pour sensibiliser aux accidents du travail.

Quand Alexis Hanquinquant ne se prépare pas pour les prochains Jeux Olympiques, en s'entraînant au moins 30 heures par semaine, il remet son casque de construction pour partager ses pensées avec ses coéquipiers. Bien sûr, son discours est encourageant, incite à l'optimisme et montre à tous que certaines adversités peuvent être surmontées avec succès. Cependant, il souligne aussi qu'elles doivent être évitées. "Je ne voudrais pas que même mon pire ennemi traverse ce que j'ai vécu", admet-il.

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Henri Lestapis

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