Investissement : l'évaluation variable des voitures antiques
Dans l'univers des automobiles antiques, les "Youngtimers" et les voitures de compétition se démarquent avec des évaluations en constante hausse. Motivé par l'amour des machines puissantes, cet achat peut parfois représenter une sorte d'investissement, à condition de faire preuve d'une sélection extrêmement rigoureuse.
Par Laurence Boccara
Posséder une voiture vintage est bien plus qu'une simple acquisition; c'est un véritable plaisir et une passion. Pour ceux qui se procurent leur premier véhicule de collection, c'est souvent la concrétisation d'un rêve d'enfance ou d'adolescence. "C'est généralement un souvenir de jeunesse qui attire les acheteurs vers une marque et un modèle spécifiques", affirme Pierre Novikoff, le directeur adjoint du département Motorcars. "Après une hausse des prix au cours des années 2000, le marché des voitures de collection a connu un ralentissement entre 2016 et 2020, pour ensuite repartir de plus belle à la suite de la crise sanitaire", observe Gautier Rossignol, responsable du département automobile de collection chez Aguttes.
En examinant de manière approfondie, ce marché fragmenté évolue à des rythmes différents. En raison de la baisse de l'âge des acheteurs, principalement des hommes de 45 à 65 ans, les véhicules d'avant la Seconde Guerre mondiale sont moins populaires qu'auparavant. En ce qui concerne ceux des années 1950 et 1960, leurs prix restent relativement constants, voire parfois en diminution.
« Il y a un excès de ces produits sur le marché, et de plus, il existe un déséquilibre entre ce qui est offert et ce qui est recherché. Les nouvelles générations d'enthousiastes penchent vers des voitures plus modernes », déclare Michel Floirat, spécialiste chez le commissaire-priseur Ivoire Troyes. Comme d'habitude, quelques modèles rares et en parfait état se distinguent, à l'image d'une Ferrari 340 America de 1951 qui a été vendue pour 5,7 millions d'euros lors de l'événement Rétromobile 2023 (voir image).
La Porsche 911 emblématique
Les modèles emblématiques continuent d'être des succès retentissants, comme les premiers modèles de Porsche 911, de Mercedes 300 SL Papillon, de Jaguar Type E et d'Aston Martin DB5 (la voiture de James Bond). Cependant, leur valeur fluctue avec le temps et la situation économique, offrant parfois un retour sur investissement remarquable.
Donc, une Porsche 911 S 2,4 litres a une valeur actuelle de 180.000 €, en comparaison avec sa valeur de 120.000 € en 2019, 200.000 € en 2018 et 60.000 € en 2014, indique Nicolas Philippe, un expert chez Carsup, une entreprise consacrée à la conciergerie de voiture. La Ferrari Testarossa a suivi le même chemin, ayant une valeur de 50.000 € en 2013, 120.000 € en 2019, et maintenant autour de 110.000 €, ajoute-t-il. Récemment, une Lamborghini Countach LP 400 de 1975 a été vendue pour 953.600 €.
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Cependant, le marché est exigeant. Un véhicule se distinguera des autres s'il n'a eu qu'un seul propriétaire, s'il a gardé son état initial, possède toutes ses clés d'origine, et surtout s'il a conservé l'historique complet de ses factures d'entretien et de réparation. Les personnes qui investissent pour la première fois doivent comprendre que, en plus des réparations, le coût annuel de l'entretien d'une voiture classique est assez important.
Gautier Rossignol d'Aguttes confirme que les Ferrari sans leur livret d'entretien peuvent voir leur valeur chuter jusqu'à 20%. Les passionnés de voitures sont prêts à dépenser plus pour une voiture qui a besoin d'une grande restauration, plutôt que pour un modèle identique, dévalorisé par des réparations de mauvaise qualité et/ou sans historique. C'est pourquoi il y a un grand intérêt pour les voitures "sorties de grange", autrement dit, des voitures qui ont résisté au temps en restant dans un garage pendant plusieurs années, voire des décennies. Pour certains acheteurs, elles sont considérées comme de véritables trésors.
Les "Youngtimers", les nouvelles vedettes
Les deux catégories actuellement en vogue sont les "Youngtimers" et les voitures de course. Le terme "Youngtimers" fait référence aux voitures anciennes les plus récentes qui peuvent obtenir une immatriculation de voiture de collection dès qu'elles atteignent l'âge de 30 ans. Pour l'instant, cette catégorie concerne les voitures fabriquées dans les années 1980 et 1990. Quel est leur attrait ? "Elles sont encore en état de rouler et sont assez solides, certaines disposent d'une direction assistée, de vitres électriques et des premiers systèmes de freinage ABS", explique Nicolas Philippe. Pour illustrer son propos, il cite l'exemple d'une Peugeot 205 GTI 1,9 litres avec moins de 7 000 km au compteur qui a été vendue pour 82 960 euros il y a dix-huit mois chez Aguttes.
"Certains amateurs se concentrent déjà sur des modèles d'automobiles proches de l'année 2000, prévoyant la fin de l'ère des moteurs à combustion", déclare Pierre Novikoff. En ce qui concerne les voitures de course, elles se développent dans un secteur en pleine croissance.
Ces véhicules conçus pour la compétition offrent à leur propriétaire l'opportunité de jouir de leur conduite tout en participant à des compétitions spéciales organisées en France (telles que Le Mans Classic, Tour Auto, Remparts d'Angoulême), à Monaco (Grand Prix historique de Monaco), en Italie (Mille Miglia), en Grande-Bretagne (Goodwood Revival) et en Espagne (Espiritu des Montjuïc). "Par exemple, pour vous inscrire à Monaco ou au Mans, seuls les modèles qui ont déjà participé à ces courses par le passé sont autorisés à s'inscrire. Ce sont naturellement les plus convoités", indique Gautier Rossignol. Par conséquent, une Porsche 911, 3.0 RS, FIA, de 1977, qui peut participer au Mans Classic, au Tour Auto et au Modena Cento Ore, coûte entre 220 000 et 280 000 €.
Une autre stratégie moins explorée pour espérer trouver de la valeur est de prendre des décisions non conventionnelles. Par exemple, on pourrait se tourner vers des modèles de voitures actuellement négligés, ou exploiter des marchés de niche en se concentrant sur des voitures rares comme des éditions limitées, des coupés, des cabriolets et des voitures familiales, plutôt que des berlines, suggère Michel Floirat.
L'impact de l'impôt
L'impôt sur les profits provenant de la vente de montres ou de véhicules de collection est applicable à toute transaction dépassant 5.000 €. Le choix de l'impôt est à la discrétion du vendeur. Première alternative : payer lors de la transaction, un impôt fixe sur les articles de luxe et de collection équivalent à 6 % du prix de vente, plus 0,5 % de CRDS.
Autre option : être imposé sur la plus-value à un taux de 36,2% (19% d'impôt et 17,2% de cotisations sociales). À l'instar de l'immobilier, la taxation de cette plus-value diminue progressivement avec le temps. L'impôt sur le revenu devient nul après vingt-deux ans et les cotisations sociales disparaissent après trente ans. Cette alternative s'adresse aux vendeurs qui possèdent tous les justificatifs (achat, coûts de rénovation et de remise à neuf).
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Laurence Boccara
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