Naïo Technologies intensifie sa fabrication de robots pour l'agriculture. Ce leader dans le domaine de la robotique agricole fait construire en France ses robots destinés à l'entretien des cultures maraîchères et viticoles. Il a augmenté la production après avoir collecté 32 millions d'euros lors d'une levée de fonds l'année passée.
Par Laurent Marcaillou
Un pionnier dans le domaine de la robotique agricole est originaire de la France. Naïo Technologies, basé à Escalquens près de Toulouse dans la Haute-Garonne, a vu le jour en 2011 grâce à deux roboticiens passionnés venus de l'école d'informatique et de robotique d'Imerir à Perpignan, Aymeric Barthes et Gaëtan Séverac. Face à l'interdiction croissante des désherbants chimiques et à la main d'œuvre intensive nécessaire pour le désherbage manuel, ils ont créé un petit robot de binage qu'ils ont nommé « Oz ». Ce dernier coupe l'herbe en remuant la terre entre les rangées de légumes. Ce robot agricole électrique, doté d'une autonomie de 8 heures, peut fonctionner indépendamment après avoir mémorisé le plan du champ grâce à un capteur GPS RTK extrêmement précis et des lidars.
Naïo Technologies a par la suite diversifié son offre avec Ted, un imposant robot de vigne, Orio, un robot de deux mètres de large capable de couvrir plusieurs rangées de légumes, et Jo, une petite machine chenillée conçue pour les vignes en pente. Ces robots peuvent labourer le sol, mais ils sont également compatibles avec une charrue, une herse, un semoir, une tondeuse, une remorque, et l'année prochaine, ils pourront être équipés d'une machine à élaguer les sarments.
Produire en France
Depuis la mise en vente du premier "Oz" fin 2013, Naïo Technologies a écoulé plus de 450 unités de robots, dont une centaine rien qu'en 2022, générant un revenu de 6,5 millions d'euros. Cette entreprise de 80 employés fabrique maintenant entre 100 et 150 robots par an. Bien que l'entreprise conçoive les robots, elle ne les fabrique pas elle-même. La production est déléguée à Syselec, un fabricant de cartes électroniques basé à Castres (Tarn), et à un fabricant basé à Tours, qui sera bientôt remplacé par une société de montage international.
Depuis leur lancement, plus de 450 robots ont été achetés, dont environ 100 uniquement en 2022.
"La fabrication de robots en France est réalisable si on est prêt à investir et à collaborer avec des sociétés qui privilégient l'innovation pour rester compétitives, selon Aymeric Barthes, le PDG de Naïo Technologies. Fabriquer localement permet une meilleure gestion du processus de production. Nos produits changent constamment et nous avons des interactions fréquentes avec les fabricants. Lorsque nous apportons des modifications à la production, il est plus simple de discuter avec une entreprise à proximité."
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En octobre, Naïo Technologies a prolongé la garantie de ses robots à cinq ans. Bien que l'assemblage soit réalisé en France, l'entreprise s'approvisionne en moteurs électriques en Italie et aux États-Unis, en composants électroniques en Asie, et en capteurs en Allemagne. La jeune entreprise a développé ses « agrobots » en collaboration avec le laboratoire Laas-CNRS à Toulouse, dans le cadre de projets de recherche et développement soutenus par la région Occitanie. Elle a déposé 10 brevets dans les domaines de la robotique et des systèmes de sécurité. Elle a également initié le Forum international de la robotique agricole (Fira) pour stimuler l'industrie. « Nous avons été les pionniers de la vente de robots agricoles en 2013 et aujourd'hui, environ une vingtaine d'entreprises dans le monde en vendent et une trentaine sont en cours de développement », déclare Aymeric Barthes.
Expéditions à l'étranger
Naïo Technologies envoie la moitié de ses robots à 25 pays, principalement en Europe et en Amérique du Nord, par l'intermédiaire de distributeurs qui sont généralement des vendeurs de tracteurs. Pour accélérer sa croissance, l'entreprise a réussi à lever 32 millions d'euros à la fin de 2022, dont les deux tiers étaient des fonds propres provenant de huit fonds d'investissement. En octobre, elle a recruté un nouveau président, Jean-Marc Crépin, ancien PDG d'Azur Drones, pour standardiser la production et augmenter les expéditions à l'étranger, tandis que les fondateurs se concentrent sur le développement des produits.
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