"Un bâtiment, une œuvre": déjà 350 installations en Île-de-France
À Paris, le bâtiment Morland abrite The Seeing City, une création de l'artiste Olafur Eliasson et de l'architecte Sebastian Behmann. Le projet, lancé par les promoteurs, a connu une expansion rapide en France, mais ressent les effets de la crise du logement.
Par Laurence Albert
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Un plafond de verre et un miroir où l'on peut voir le reflet de la Seine et des toits de Paris. Située aux 15ème et 16ème étages de l'immeuble Morland, l'œuvre d'art "The Seeing City", créée par l'artiste Olafur Eliasson et l'architecte Sebastian Behmann, est le point central du projet immobilier. La vue panoramique, qui est ouverte aux clients du restaurant de l'immeuble, a été planifiée en parallèle avec la rénovation ambitieuse de l'ancien complexe administratif – un projet de 450 millions d'euros – supervisé par l'architecte David Chipperfield. C'est ainsi que fonctionne le programme "1 bâtiment, 1 œuvre d'art", dont "The Seeing City" est l'une des dernières réalisations.
Initié en 2015 par le département de la Culture et le développeur Emerige, ce programme de parrainage artistique est entièrement basé sur l'engagement des 81 développeurs, propriétaires et sociétés immobilières qui ont signé la charte. Le concept est simple: chaque fois qu'ils érigent un bâtiment collectif en France, les acteurs de l'immobilier financent l'installation d'une œuvre d'art dans les espaces communs ou sur les places publiques. "Notre intention initiale était simple: rendre l'art accessible à tous, embellir la ville en prolongeant l'œuvre des architectes et soutenir les artistes français contemporains", explique Alexandra François-Cuxac, vice-présidente du Club "1 bâtiment, 1 oeuvre", qui a contribué à la mise en place du projet lorsqu'elle dirigeait la Fédération de la promotion immobilière.
Depuis 2015, un total de 700 œuvres d'art créées par 500 artistes, dont Daniel Buren et Françoise Pétrovitch, ont été introduites dans 500 projets immobiliers. Avec un coût variant de 10 000 à 100 000 euros par œuvre, des promoteurs tels que Bouygues Immobilier, Emerige et Eiffage, parmi les plus engagés, ont parsemé le pays avec des installations sélectionnées dans des galeries ou créées spécifiquement pour correspondre au projet architectural. Alexandra François-Cuxac explique que leur objectif était d'infuser l'art dans les zones locales, les espaces de bureau, les habitations, mais aussi les quartiers par le biais des logements sociaux.
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Dans la région de l'Ile-de-France, 350 œuvres d'art ont été mises en place grâce à ce programme. Parmi les plus récentes figurent celles de Cécile Jaillard à Villiers-le Bel dans le Val-d'Oise pour le compte de l'organisme de logement social de La Poste Toit et Joie, celle d'Hugo Servanon à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine pour Covivio, et celle du duo d'artistes Lang Baumann à Nanterre Universités dans les Hauts-de-Seine pour Bouygues Immobilier.
À Paris, Vinci a mis en place une œuvre d'art de Mathilde Jonquière qui symbolise l'entrée de la Maison Saint-Charles dans le 15e arrondissement. De son côté, le groupe Terrot envisage de faire appel à un artiste pour embellir la façade de l'Institut Français dans le 11e arrondissement d'ici mi-2024. Emerige, ayant déjà une centaine d'œuvres à son nom, a notamment commandé l'œuvre La Traversée à l'artiste Eva Jospin pour le projet Beaupassage et plus récemment, The Seeing City au Studio Other Spaces d'Olafur Eliasson. Le processus de rénovation de l'immeuble, le premier à remporter le concours Réinventer Paris, a été réalisé en collaboration étroite avec la ville, y compris sur le plan artistique.
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"1 bâtiment 1 oeuvre" a été imaginé en complément des stratégies gouvernementales de promotion de la création artistique, en particulier le "1% artistique". Depuis 1951, grâce à cette initiative, l'État a diffusé 12 400 œuvres d'art, notamment dans les universités et les hôpitaux de Paris.
Bien que le programme ait commencé de manière impressionnante, il est également plus vulnérable que son équivalent public car son financement dépend exclusivement des intervenants de l'immobilier, qui sont actuellement en grave crise. "Nous avons rencontré des problèmes ces trois dernières années comme jamais auparavant. Le nombre de logements construits est en baisse. Par conséquent, même sans avoir encore fait le point, il est sûr que moins d'œuvres auront été mises en place cette année", regrette Alexandra François-Cuxac.
Albert Laurence
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