Les start-ups françaises de mobilité subissent un véritable désastre. Carlili, une nouvelle entreprise de location de voitures, est maintenant sous administration judiciaire, Cityscoot est en défaut de paiement et Kiffy, une marque de vélo-cargo électrique, a dû fermer ses portes. Dans ce secteur, les financements se sont affaiblis ces derniers temps, rendant la recherche de rentabilité essentielle.
Par Adrien Lelièvre
Voici
Si une manœuvre est mal exécutée, l'accident est inévitable. Ces derniers mois, les entreprises françaises de démarrage dans le domaine de la mobilité ont été confrontées à une série de problèmes, exacerbés par une crise de financement et une pression pour être rentables – un concept qui n'est pas couramment adopté dans ce secteur.
Carlili, une entreprise de location de voitures nouvelle génération sans agence physique, est la dernière à connaître des difficultés financières. En 2022, elle avait annoncé avoir levé 24 millions d'euros auprès de la Banque des Territoires et du Fonds pour la modernisation écologique des transports (Demeter). Cette levée de fonds comprenait à la fois des fonds propres et des obligations convertibles. Cependant, l'entreprise affirme finalement n'avoir reçu que 10 millions d'euros.
Les investisseurs avaient la possibilité de contribuer ou non aux prochaines phases de financement. Ils ont décidé de ne pas le faire en raison de la complexité accrue du paysage financier et du fait qu'ils détenaient, dans leur portefeuille, d'autres entreprises en démarrage dans le secteur de la mobilité qui connaissaient des problèmes, explique Vincent Moindrot, le créateur et chef de Carlili.
Arrêt des paiements
Aujourd'hui, Carlili est en arrêt de paiements et a été mise sous contrôle judiciaire en octobre. Dans le but de réduire ses dépenses, la société a déménagé de Lyon, a réduit sa flotte de véhicules de deux tiers et a licencié des employés. Cependant, Vincent Moindrot reste "positif" quant à l'avenir de Carlili.
"Je propose une stratégie de continuité qui pourrait permettre de surpasser cette phase de redressement judiciaire", insiste-t-il. Le dirigeant admet également que des acquéreurs potentiels se sont montrés intéressés. D'après nos sources, la société de conseil ACPA, sous la direction de Christophe Chavanne (anciennement chez Mazars et Saint-Gobain), fait partie de ces intéressés.
Voir également :
Carlili souhaite concurrencer Virtuo dans le domaine de la location de véhicules.
Carlili est actuellement en période d'évaluation pour une durée de six mois, tout en continuant ses opérations en Ile-de-France. Vincent Moindrot déclare que leur niveau de satisfaction client n'a jamais été aussi élevé. La start-up fait face à une rude concurrence sur ce marché, impliquant des entreprises bien établies telles que Hertz, Sixt ou Avis.
Toosla n'est pas la seule entreprise de location de voitures en difficulté. Cette start-up a subi des performances financières décevantes et sa valeur en bourse a chuté de 3,5 fois depuis son entrée en 2021. Le président de l'entreprise, Jean-François Boucher, a présenté en octobre une nouvelle stratégie visant à redresser l'entreprise et à la guider vers une croissance profitable.
Cityscoot en péril
Le secteur de la micromobilité est également dans une situation sombre. En arrêt de paiements, Cityscoot est en route vers une restructuration judiciaire. L'entreprise, autrefois membre du Next40, a été affectée par la pandémie de Covid-19 et l'augmentation du travail à distance. Actuellement, elle cherche des investisseurs pour acquérir de nouveaux scooters électriques.
"La mise à jour de notre flotte est cruciale pour la viabilité de notre modèle et pour réaliser les buts de notre plan d'affaires 2025, et cela demande des fonds supplémentaires", a déclaré récemment la jeune entreprise qui, durant l'été, a gagné un contrat de cinq ans à Paris, en compagnie de Yego et Cooltra.
Aussi à lire :
Le futur semble devenir de plus en plus sombre pour Cityscoot.
Si Cityscoot ne parvient pas à atteindre ses objectifs, elle risque de ne pas pouvoir respecter ses promesses. Cette situation aggraverait la mauvaise réputation de la mairie dirigée par Anne Hidalgo (PS), qui a déjà connu des problèmes avec Autolib et qui continue d'être critiquée pour sa gestion du projet Vélib', attribué à Smovengo (un consortium basé sur la start-up Smoove) et qui subit des difficultés opérationnelles et financières depuis 2018.
Cyclofix, une entreprise spécialisée dans la réparation de vélos qui avait précédemment attiré l'attention de Decathlon, a été mise en liquidation judiciaire. D'après nos sources, une partie de la start-up a été acquise par Beweel Society, qui a repris la plateforme ainsi que huit employés. Arnault Gournac, le directeur de Beweel Society, a confirmé cette transaction. L'atelier de Cyclofix situé à Ivry-sur-Seine, qui compte Vélib' parmi ses clients, fait également l'objet d'une liquidation judiciaire tout en continuant ses activités.
Kiffy n'est plus visible sur le marché
La société de vélo-cargo électrique Kiffy n'a pas été chanceuse et vient de fermer ses portes. Elle prétend avoir été affectée par les retards de son fournisseur Bosch, ce qui a conduit ses finances à la banqueroute.
La startup avait beaucoup investi dans son nouveau modèle de vélo-cargo (Capsule MT Smart), qui est actuellement très populaire. Cependant, elle a eu du mal à faire face à l'arrivée d'une multitude de concurrents sur ce marché, parmi lesquels Decathlon, Gaya, Moustache, O2Feel, etc.
Voir aussi :
La raison pour laquelle Paris attire les start-ups de mobilité qui misent sur les services d'abonnement
La disparition de Kiffy a indirectement créé une instabilité pour Red-Will, une start-up parisienne spécialisée dans la location de véhicules avec abonnement, qui propose les longtails Kiffy dans son offre. Cependant, sa directrice, Colombe Monnoyeur, se montre rassurante. Selon elle, ils ont prévu ce problème en sécurisant l'approvisionnement en pièces spécifiques. Par conséquent, Red-Will affirme être capable d'assurer l'entretien de sa gamme de vélos Kiffy, mais cherche tout de même un nouveau collaborateur dans le domaine du vélo-cargo.
VIDEO. Pourquoi la production de vélos a-t-elle cessé en France?
> Collecte de capitaux, analyses, données importantes… Pour être au courant de tout ce qui concerne la French Tech et les jeunes entreprises, souscrivez à notre bulletin d'information > S'inscrire
Adrien Lelièvre
Quels sont les éléments clés pour s'adapter à un contexte complexe ?
Nos Contenus Vidéos
Production de la deuxième saison de Sentinelles
Israël-Hamas : comment la crise pourrait enflammer la région
Visite de la plus grande ferme porcine verticale du monde
Pourquoi l'Indonésie a érigé le plus grand parc solaire flottant du Sud-est asiatique
Les plus consultés
Formation de syndicats chez PayFit
Notion envisage de servir de "deuxième cerveau" grâce à l'IA
Ces conglomérats familiaux qui investissent massivement dans la French Tech
En vedette
Voiture électrique : le défi de la réparation des batteries
ACTUALITÉS – Les Restos du Coeur démarrent leur 39e campagne de distribution de nourriture
L'économie française, d'une apathie à l'autre
Écosystème
Désastre dans les startups françaises de mobilité
Ces conglomérats familiaux qui investissent activement dans la French Tech
French Tech : Evolem, le conglomérat familial très actif basé à Lyon
Pratique
Off
L'équipe
Toutes les permissions sont gardées – Les Echos 2023